Incarcération de Nicolas Sarkozy : la révolution pénale est comme Saturne, elle dévore ses enfants ! (Communiqué SPIP-CGT)
Texte publié le 23 octobre 2025.
Ce 21 octobre, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy entre en détention à Paris-la-Santé. Un symbole fort, bien sûr. Mais surtout l’occasion de rappeler que le système pénal et carcéral qu’il a contribué à durcir depuis les années 2000 est aujourd’hui à bout de souffle. Peines planchers, affaire de Pornic, responsabilité des agents du ministère, sévérité, célérité, autant d’injonctions données depuis plus de 20 ans par ce dernier à l’ensemble des acteurs de la justice pénale.
Pourtant depuis le 6 octobre 2025, un nombre considérable de voix se lèvent, dans une étrange polyphonie politico-médiatique, pour remettre en cause une justice expéditive, disproportionnée, à charge dans ce dossier sans jamais remettre en question le fonctionnement de la justice pénale dans son entièreté.
Incarcéré et pas définitivement condamné, exception, scandale ?
Comme 22 500 autres détenus sur les 85 000 présents dans les prison françaises, Nicolas Sarkozy est incarcéré alors qu’il n’est pas définitivement condamné (dans cette affaire en tout cas...), puisqu’il a fait appel. Il y a deux types de prévenus en détention ; les détenus appelés couramment les « appelants », à savoir interjetant appel de leur condamnation alors qu’un mandat de dépôt a été prononcé par la juridiction (exécution provisoire), et les détenus qui sont incarcérés alors même qu’ils n’ont encore JAMAIS été jugés.
Ce type d’incarcération pose en effet des problématiques juridiques voire philosophiques. En effet, si le principe de la présomption d’innocence est censé prédominer pour garantir les libertés fondamentales des justiciables, de nombreuses dérogations ont été prévues par le législateur avant le procès ou à la suite de la condamnation en première instance. Ces régimes dérogatoires, étendus au fil des réformes pénales (notamment sous les quinquennats Sarkozy et Macron), installent une logique d’urgence et de suspicion permanente, où la privation de liberté devient un outil de gestion de l’ordre public avant d’être une réponse judiciaire à des actes posés.
C’est d’ailleurs à l’initiative de toute une partie droitière de l’échiquier politique, dont le président de la République a été un moteur, que le recours à la détention ou l’exécution provisoire est plébiscité. Dernière réforme prévue, le projet de loi SURE de Gérald Darmanin qui prévoit dans son article 7 encore une fois d’étendre le champ de la détention provisoire en matière correctionnelle en intégrant un motif d’ordre public, notion ô combien floue et extensive.
La détention provisoire est donc loin d’être ni une exception en matière pénale, ni en l’occurrence un traitement extraordinaire. C’est justement un des nœuds du problème de la surpopulation carcérale en France et devrait nous interroger collectivement pour Nicolas Sarkozy mais aussi pour les autres 22 499 détenus provisoires de France.
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