Les agricultrices et agriculteurs veulent vivre de leur travail : elles et ils ont raison !

Texte publié le 30 janvier 2024.

Depuis plusieurs jours, les agricultrices et agriculteurs se mobilisent et s’apprêtent à « faire le siège de Paris » à partir de ce lundi car ils ne peuvent plus vivre de leur travail, 18% des ménages agricoles vivent en-dessous du seuil de pauvreté pour des horaires de travail souvent accablants, poussant un certain nombre d’entre eux jusqu’au suicide1. Elles et ils sont pris à la gorge financièrement entre d’un côté la baisse de la production suite à deux ans d’aléas climatiques, la baisse du prix des produits agricoles (-10% depuis un an), la chute de la consommation alimentaire du pays (-8%) due à l’inflation des prix (+14%, pour moitié due à l’augmentation des profits des industries agroalimentaires).

Et du coté des charges on trouve l’augmentation du prix de l’électricité (qui va encore être augmenté par Bruno Le Maire de 10% au 1er février), l’augmentation des taxes sur le GNR (« gazole non routier », une augmentation mise en place avec l’aval en 2023 de la FNSEA !) et l’intensification des normes environnementales et sanitaires qui rendent les aides PAC2 plus difficilement accessibles, surtout pour les petites exploitations.

Dans le même temps les industries agroalimentaires se gavent, leurs taux de profits (pudiquement appelés « taux de marge ») ayant bondi de 70% en un an et demi, passant de 28% fin 2021 à 48% début 2023, tandis que leurs profits bruts ont plus que doublé (+132%) sur un an, passant de 3,1 milliards d’euro à 7 milliards entre 2022 et 2023 !

La dérégulation du marché européen avec l’afflux de produits venant d’Ukraine, la fin des quotas laitiers et sucriers, et la multiplication des accords de libre-échange (Mercosur3, CETA4, TAFTA5, Nouvelle-Zélande, Mexique, Chili etc.) ont favorisé l’agrobusiness et la spéculation sur les matières premières, organisé le dumping avec l’entrée massive de produits non soumis aux normes françaises sur le territoire, poussé au gigantisme et, en augmentant les distances parcourues, fait augmenter les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture. Aujourd’hui, 30% de la viande et des légumes et 70% des fruits consommés sont importés, tandis que plus de 3 millions de tonnes de produits agricoles sont dans le même temps détruits chaque année par les producteurs.

Lire la suite dans le communiqué de la CGT INRAÉ