Services publics : déni et variable cachée du sommet sur l’intelligence artificielle ?
Texte publié le 1er avril 2025.
Retours du sommet de l’intelligence artificielle (IA) sur le volet relations entre IA et services publics
Peu abordés lors du sommet, les services publics sont une fois de plus sacrifiés sur l’autel du néolibéralisme
Les travaux du sommet sur l’IA, dominés par les annonces d’investissements privés massifs et la volonté de domination des États-Unis, ont laissé le rôle des services publics dans l’ombre : les mots « services publics » n’ont été prononcés avec certitude que par la CGT dans une intervention de 3 minutes au cours de la journée organisée au ministère du Travail.
Cette question centrale est néanmoins apparue en filigrane au détour des discours des intervenant·es, de Narendra Mohdi pour l’infrastructure internet de l’Inde, à Ursula Van der Layen pour un supercalculateur public européen ouvert à des coopérations du type du Cern (mais aussi au privé…), en passant par le représentant de l’Agence internationale de l’énergie pour une évaluation publique des besoins en énergie des centres de données.
De manière générale, il ressort de ce sommet une conception néolibérale de la relation entre IA et services publics.
Les services publics instrumentalisés au service de l’IA
La France avait pour objectif la création d’une plateforme mondiale ouverte aux utilisateurs publics et privés « pour l’intérêt général ». En réalité, il ne s’agit que d’un slogan justifiant des investissements massif pour le privé. Par exemple, la mise à disposition des données des organismes publics en open data, rendue obligatoire par une directive européenne, offre un champ de développement majeur au start-up en sous-traitance de politiques publiques. L’intérêt mercantile n’est même pas dissimulé : un atelier censé aborder les bienfaits de l’IA pour la santé s’intitulait « Identifier les opportunités dans les marchés mal desservis »…
Les besoins en services publics et infrastructures passés sous silence
Si les représentant·es d’entreprises et les « expert·es » ont fait l’impasse sur les services publics dans leurs interventions, leur insistance sur la formation, la formation continue et l’acculturation à l’IA renvoie nécessairement au service public de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Ne pas offrir à ces services les moyens d’exercer leur mission offre la justification d’un recours alternatif au privé – et donc l’ouverture d’un marché juteux pour les organismes de formation de tous poils.
Une régulation publique a minima
Démantelés par des années de politiques d’austérité, les services publics (inspection du travail, justice…) ne sont plus en mesure de garantir un contrôle efficace sur ces nouvelles questions. Le patronat (par exemple la métallurgie européenne) ne veut de toute façon pas entendre parler de régulation, lui préférant des « chartes éthiques » non contraignantes établies par les entreprises qui le souhaitent… sous l’égide bienveillante des gouvernements.
Un sommet « des États »… pour et par les grandes entreprises de la tech
Loin de répondre à un impératif d’intérêt général, l’IA telle que décrite lors de ce sommet ne semble répondre qu’à un seul objectif : maximiser toujours plus les profits des grandes entreprises et des plus riches. Ce qui n’a pas échappé au secrétaire général des Nation unies, qui s’est inquiété, dans son intervention, de politiques creusant un peu plus la fracture avec le Sud global…
(source site CGT)
Voir également :
> Site UGICT-CGT « Tous les outils pour reprendre en main l’intelligence artificielle »