Déclaration de la CGT à l’occasion des 80 ans de la commémoration de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau

Texte publié le 28 janvier 2025.

Nous commémorons ce 27 janvier 2025 les 80 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, devenu symbole de la shoah, génocide perpétré par l’Allemagne nazie contre les personnes de religion juive.

Le devoir de mémoire doit empêcher que l’histoire bégaye. Le projet d’extermination nazi a été rendu possible par l’ampleur de l’antisémitisme et par la déshumanisation d’un peuple. Ne laissons jamais cette déshumanisation se reproduire contre une quelconque autre population. L’indispensable lutte contre l’antisémitisme doit se mener en lien avec le combat contre tous les racismes.

A Auschwitz, les surveillants nazis ont tenté de ne laisser aucun témoin derrière eux Quelques jours avant la libération, ils ont contraint près de 60 000 prisonniers à évacuer à pied et dans des wagons vers l’ouest. Cette « marche de la mort » tuera 15 000 d’entre eux. Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992, faisait partie de ce funeste convoi qui le conduisit à Buchenwald.

Les malades, les plus faibles devaient être exterminés, leurs bourreaux n’eurent pas le temps d’achever cette sinistre besogne. Les corps des derniers exécutés d’une balle dans la nuque jonchés le sol enneigé. Il ne reste plus que 7 500 rescapés. Depuis le départ des nazis le 18 janvier, chaque jour des morts gisent sur leur bas-flan. A partir du 20 janvier, ils n’ont plus d’eau, plus de nourriture.

Lorsque le 27 janvier 1945, les soldats de l’Armée Rouge entrent dans le camp d’Auschwitz après s’être battus 6 jours et 6 nuits contre l’ennemi, ils découvrent l’horreur. Ils font la plus macabre découverte du XXème siècle. Les habitants du village proche leurs avaient dit « là-bas on brûle des personnes », mais nul ne peut être préparer à rencontrer l’inimaginable. Des femmes et des hommes en hayons, les yeux exorbités par leur maigreur squelettique, des enfants au ventre ballonné par la faim, les observent, il n’y a plus aucune humanité dans ces regards incrédules voyant leurs libérateurs.

1 300 000 personnes sont mortes à Auschwitz. 1 100 000 ont été déportés et exécutés parce que juifs.
Les autres victimes sont :

  • Des tziganes, des homosexuels, des personnes handicapés parce que différents,
  • Des communistes, des militants CGT, des résistants, des intellectuels, parce qu’ils ont osés s’exprimé et se levé contre l’occupant nazi et le régime de Vichy.

Pourquoi a-t-il fallu 50 ans pour que la France reconnaisse que l’Etat français a participé aux rafles comme celle du Vel d’Hiv, aux arrestations, à la torture, aux exécutions sommaires et à l’organisation des convois vers les centres d’exterminations nazis ? Pourquoi pendant si longtemps le projet d’extermination des juifs par l’Allemagne nazie a-t-il été minimisé ?

Sous prétexte d’unité nationale, certains auraient voulu tourner cette sombre page de notre histoire pour ne pas avoir à demander pardon aux victimes survivantes et aux familles des disparus. La France résistante a contribué à la libération de notre pays. Mais la France collaboratrice, celle de Vichy, de la police et des milices aux ordres a participé à cette horreur. Nous devons regarder avec courage notre passé.

Comment peut-on encore aujourd’hui dédouaner les partis et mouvements d’extrême droite de notre pays ainsi que leurs dirigeants ? L’extrême droite en France s’est construite sur des bases antisémites, racistes et xénophobes, nul ne doit l’oublier.
Ce sont des anciens Waffen-SS, comme Pierre Bousquet, qui ont déposé les statuts et sont membres fondateurs du Front National, qui a pris le nom de Rassemblement National pour essayer de faire oublier son histoire et ses racines.

Ce jour, où nous commémorons la libération des camps d’Auschwitz, notre devoir est de rappeler que le combat contre l’extrême droite et ses idéologies reste pleinement d’actualité. Quand des dirigeants d’extrême droite sont à la tête de gouvernements en Europe et dans le monde.
Quand Elon Musk va soutenir l’AfD en Allemagne.
Quand le chef de l’extrême droite autrichienne, Herbert Kickl, s’apprête à obtenir la chancellerie de ce pays.
Quand dans notre pays, des premiers dirigeants politiques prônent la chasse aux immigrés qui fuient la misère et la famine poussés par les guerres, les crises climatiques ou des régimes dictatoriaux.

Il ne suffit pas de commémorer la libération des camps d’extermination d’Auschwitz et d’ailleurs. Notre devoir ne doit pas être que mémoriel. Notre devoir est de combattre avec force et conviction les courants politiques et idéologiques qui portent en eux cette haine de l’étranger, de l’autre, parce qu’il est de culture, d’origine, de couleur, d’orientation sexuelle différentes.

A ceux qui banalisent voire légitime les courants d’extrême droite allant jusqu’à prétendre que « l’on n’a jamais essayé », sachons leurs rappeler, que les mort-e-s et les survivant-e-s des camps d’extermination nazis, elles et ils, l’ont vécu.
Comme l’a écrit l’historien Antoine Prost « Rappeler un évènement ne sert à rien, même pas à éviter qu’il se reproduise, si on ne l’explique pas ».

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